Il ne va pas être question ici d’un cours de botanique détaillé, il y a suffisamment de littérature et de sites qui y sont consacrés. Cependant, pour appréhender leur culture, il faut connaître et savoir reconnaître une orchidée, de quoi elle est composée, comment elle fonctionne, bref, faudra bien y passer !
L’orchidée fait partie des monocotylédones.
Schématiquement, cela signifie que lorsqu’il germe, le plantule ne
présente qu’une seule fausse-feuille, le cotylédon (contrairement aux
choux, salades, pétunias, tabacs, chênes, haricots, etc. qui présentent
deux cotylédons à la germination). Dans ce même groupe, on retrouve
aussi les Liliacées (famille du Lis), les Alliacées (ails, agapanthes,
…), les Convallariacées (sceau de Salomon, muguet, …), les Poacées (les
graminées comme les bambous, gazon anglais, blé, riz, …), les Aracées
(Spathiphyllum, Arum, Dieffenbachia, …), les Amaryllidacées (Amaryllis,
perce-neige et autres jonquilles), les Iridacées (Iris, glaïeuls,
crocus, …), les Juncacées (joncs, …), etc.
Il y a bien longtemps de cela, les
orchidées se sont différenciées des autres familles du groupe en
rassemblant leurs organes reproducteurs : les étamines se sont
regroupées en une colonne, comprenant également le pistil, réduit au
seul réceptacle qui accueille les sacs de pollen qui, eux, ont fusionné
en 1, 2, 3 ou 4 pollinies posées au sommet de la colonne. De plus, bien
que présentant une symétrie bilatérale (c’est-à-dire que si on coupe une
fleur dans le sens de la hauteur, on obtient deux parties semblables),
un des trois pétales s’est transformé en labelle,
véritable piste d’atterrissage pour insecte pollinisateur. Ce labelle
constitue généralement l’attrait principal de la fleur d’orchidée. Il
est doté de différents dessins, appendices divers ou formes biscornues,
tous ayant pour but de diriger visuellement l’insecte vers le centre de
la fleur, et le faire passer sous la colonne, porteuse des pollinies…
dont il se chargera pour les déposer sur la fleur suivante ! Certaines
espèces ont même poussé le mimétisme jusqu’à présenter une similitude
extraordinaire avec la femelle d’insectes particuliers (Ophrys
par ex.). Les mâles, en pleine période de reproduction, sont attirés par
la forme et aussi, visiblement, par l’odeur dégagée par la fleur et
s’apparentant étonnamment à celle dégagée par les femelles. Ils se
posent sur la fleur et opèrent ce que l’on appelle une pseudocopulation.
Se rendant finalement compte de leur erreur, ils repartent dépités,
mais en emportant les pollinies… vers la fleur suivante. Sachez enfin
que cette fleur s’épanouit au moment même de la période de reproduction
du pollinisateur attitré !!! On estime qu’il s’agit là d’une
co-évolution ou d’une évolution parallèle. Mais on ignore qui a évolué
en suivant l’autre ?!?
Les orchidées présentent les mêmes organes que les autres plantes : racines, tiges, feuilles, fleurs. Leurs formes, fonctions et dispositions diffèrent cependant un peu des autres végétaux.
Les racines des orchidées épiphytes, tout d’abord, sont généralement enveloppées dans une gaine dont la surface est recouverte d’un fin voile grisâtre, appelé vélamen. Ce vélamen a la capacité de verdir dès qu’il est humide, participant ainsi à la photosynthèse. La gaine est composée de cellules creuses renfermant soit de l’air, soit de l’eau. Le bout d’une racine active est formé d’une coiffe, lisse, et de couleur vive (souvent vert). C’est cette coiffe qu’on voit apparaître au printemps au redémarrage de la végétation ou au moment de la croissance des racines. Les racines des orchidées terrestres présentent moins souvent ce vélamen. Chez les orchidées indigènes, il est absent.
Le rhizome peut se présenter de différentes manières : court, long, parfois absent. Il matérialise le lien entre les pseudobulbes successifs. Il est souvent garni de racines.
Les tiges des orchidées présentent plusieurs formes : certaines sont longues comme des cannes à sucre, d’autres sont minuscules et on les voit à peine, il y en a aussi qui sont renflées et qui contiennent des réserves d’eau et d’éléments nutritifs (et qu’on appelle pseudobulbes) pour aider à surmonter les périodes de disette. Ces pseudobulbes peuvent être ronds, carrés, ovales, longs, courts, grands, petits, pleins, creux, … Ils participent parfois à la détermination d’espèces en apparence voisines. Certains abritent même des colonies de fourmis (Schomburgkia).
Les feuilles d’orchidées présentent peu de variations. Elles sont pratiquement toutes bâties sur le même modèle : allongées, avec une nervure centrale souvent bien marquée. C’est plutôt la taille, la forme et la consistance qui les différencient. Certaines sont fines comme du papier à cigarettes, d’autres sont épaisses et jouent le rôle de réserve d’eau et de nourriture; certaines ne mesurent que quelques mm, alors que d’autres développent plusieurs dizaines de cm. Elles sont nombreuses ou uniques; plates ou plissées, en forme de canal ou de queue de rat; souvent droites, parfois arquées; érigées ou pendantes; disposées le long des tiges ou à leur sommet, ou encore en rosette basale; diversement vertes ou, plus rarement, d’une autre couleur (voir à ce sujet le véritable engouement des Japonais pour les orchidées à feuilles panachées qu’ils achètent à prix d’or !). Bref, il y en a pour tous les goûts !
La plupart des orchidées conservent leurs feuilles toute l’année (Cattleya, Phalaenopsis, certains Calanthe, Oncidium, Cymbidium, certains Dendrobium, Paphiopedilum, Vanda, Angraecum, …), tandis que d’autres les perdent pendant quelques semaines à plusieurs mois (d’autres Dendrobium et Calanthe, mais aussi certains Cymbidium et Phalaenopsis et, en général, les orchidées terrestres tempérées soumises à des saisons chaudes et froides marquées ou les orchidées terrestres tropicales soumises à une période sèche ± longue et très marquée). Il est clair qu’une orchidée réputée non caduque (c’est-à-dire qui ne perd pas ses feuilles) et dont les feuilles tombent, est un signe évident de culture inadaptée… qu’il est souvent difficile à rattraper !
Les fleurs
affichent encore plus d’éclectisme. Leurs variations sont innombrables,
ce qui en fait un attrait plus qu’évident pour les orchidophiles que
nous sommes. Leurs coloris déclinent toute la palette, allant de bleus,
pourpres, marrons ou rouges presque noirs, à toutes les autres couleurs
du spectre. Les associations de couleurs sont uniques aussi. Quelle
autre fleur peut prétendre associer le jaune et le brun (Oncidium), le jaune et le rouge (Cattleya dowiana), le vert et le noir (Coelogyne mayeriana et pandurata),
etc. de façon naturelle ??? Le labelle, véritable phare de la fleur
d’orchidée, est l’élément attractif par excellence, parce qu’il est le
plus souvent plus développé que le reste des pièces florales, il est
aussi souvent coloré différemment et plus vivement, et il présente des
dessins ou des formes biscornues (du moins à nos yeux). Pourtant,
certaines espèces ont un labelle réduit (Masdevallia), voire
même à peine différencié (Apostasiées), et ces orchidées ont malgré tout
réussi à se perpétuer jusqu’à nos jours ! Certaines fleurs offrent du
nectar dans des éperons (Ascocentrum miniatum par ex) ou à d’autres endroits (Listera ovata sur le labelle par ex.) en récompense de la visite, d’autres ont du parfum pour attirer les insectes (Angraecum sesquipedale
par ex.). La durée de vie des fleurs varie grandement aussi et dépend
de l’abondance des insectes pollinisateurs dans le milieu dont l’espèce
est originaire, de l’environnement, de même que de la température et de
l’humidité régnant au moment de la floraison. Certaines ne durent que
quelques heures (Stanhopea sp.), tandis que d’autres peuvent vivre plus de six mois (Dendrobium cuthbertsonii). Elles apparaissent solitaires (Paphiopedilum, Cypripedium par ex.) ou en grappes incalculables (Oncidium par ex.); à la base du pseudobulbe, le long du pseudobulbe ou à son sommet (Dendrobium par ex.). Quelquefois, elles s’ouvrent successivement (Phragmipedium), ne montrant alors qu’une seule fleur à la fois, ou bien toutes ensemble (Cattleya par ex.).
Mais le labelle réserve encore bien d’autres surprises. A
l’origine un pétale comme les autres, il a progressivement évolué vers
des formes les plus surprenantes. Sa forme, sa taille, ses dessins
constituent très souvent un bon moyen de détermination. Une des formes
les plus connues est certainement celle qui le fait ressembler à une
chaussure, c’est le groupe des Sabots-de-Vénus ! Groupe
isolé génétiquement, il est présent en Asie, Europe et dans les trois
Amériques. Les genres rencontrés là s’appellent, dans le même ordre : Paphiopedilum (Asie), Cypripedium (Asie, Europe et Amérique du Nord et centrale), Selenipedium (Amérique centrale) et Phragmipedium, incluant le Mexipedium, (Amérique centrale et du Sud), tous caractérisés par ce labelle spécial et typique.
Autre forme biscornue, le labelle des espèces de Stanhopea, Coryanthes, Cycnoches (tarabiscoté), Mormodes,
… qui présentent des formes indéfinissables. Les fleurs de ces genres
posent bien des problèmes aux novices, tant il est difficile de
distinguer et d’isoler les pièces florales. Le labelle est aussi parfois
réduit à sa plus simple expression (Masdevallia, Bulbophyllum par ex.); il peut être à peine différent des autres pièces florales (Apostasiées, Nigritella, Mystacidium, …). Il est aussi parfois si discret qu’on dirait une fleur à 5 pétales (certains Phalaenopsis par ex.).
Bref, on se rend compte qu’avec une famille comptant, selon les auteurs, entre 25 et 30.000 espèces, établir un schéma type (hormis celui du nombre et de l’ordonnancement des pièces florales) est assez difficile, voire impossible.