Sabots-de-Venus

Les Sabots-de-Vénus ne laissent décidément personne indifférent… dans un sens comme dans l’autre. En effet, on aime ou on n’aime pas. Cette appellation de « Sabot-de-Vénus » est déjà assez ancienne et désignait, au Moyen Âge, les plantes du genre . Lors de la découverte de leurs parents dans les régions tropicales asiatiques ou américaines, cette appellation leur est restée. Pourtant, que ce soient les Phragmipedium sud-américains ou les Paphiopedilum asiatiques, des différences notables les séparent. En effet, les Cypripedium sont caduques (les parties aériennes disparaissent en hiver), alors que les autres restent verts toute l’année. Les Paphiopedilum ont fait l’objet de véritables ruées aux XIXe et XXe siècles, si bien qu’aujourd’hui, de nombreuses espèces sont très fortement menacées de disparition dans leur milieu naturel. C’est d’ailleurs déjà arrivé à quelques-unes d’entre elles, mais les plantes de ces espèces cultivées en Europe ou en Amérique, ont permis des campagnes de réimplantation dans leur pays d’origine. C’est le cas notamment du Paphiopedilum rotschildianum, réimplanté sur l’île de Bornéo, dans la réserve du Mont Kinabalu. Mais ces pratiques n’ont qu’un impact limité, surtout tant que les pillages de leurs stations continuent. Le cas du Paphiopedilum delenatii est exemplaire à cet égard. Durant des décennies, les deux seules plantes connues de cette espèce étaient détenues par les établissements Lecoufle, dans la banlieue parisienne. Ils étaient chargés de leur multiplication et on peut estimer que la grosse majorité des P. delenatii cultivés aujourd’hui dans le monde proviennent de rejets de ces deux plantes ! Jusqu’à ce qu’on retrouve une population sauvage il y a quelques années… qui, malheureusement, fut rapidement pillée. Ces exemples montrent bien les dérives que peut engendrer la passion des orchidées.