Ophrys

Quand on évoque les trésors d’imagination et d’adaptation développés par les orchidées pour attirer l’insecte qui sera leur auxiliaire de pollinisation, on ne peut s’empêcher de penser aux Ophrys. En effet, peu d’orchidées ont poussé si loin les similitudes. Les espèces de ce genre ont été jusqu’à imiter, non seulement la forme de la femelle de l’insecte qu’elles désirent attirer, mais également le parfum que cette femelle dégage en période de reproduction pour attirer les mâles ! De surcroît, la floraison intervient au moment où les mâles sortent en quête d’une partenaire pour assurer leur pérennité ! Bref, elles ont mis tous les atouts de leur côté pour assurer leur pollinisation. Enfin, presque tous ! Beaucoup de ces espèces se sont tellement spécialisées dans l’un ou l’autre insecte que, si celui-ci venait à disparaître, l’orchidée risquerait de suivre le même chemin ! C’est donc une spécialisation qui n’est pas dénuée de risques. Alors, la question est de savoir qui de l’insecte ou de l’orchidée a évolué par rapport à l’autre ? C’est l’œuf de Colomb !!! A priori, il semblerait cependant que ce soient les Ophrys qui aient évolué en fonction des insectes « disponibles » !

Le genre regroupe plusieurs dizaines d’espèces, certaines à large répartition, d’autres extrêmement limitées géographiquement ! On les rencontre de l’Algarve à l’Ecosse, en passant par la Scandinavie jusqu’à la Mer Noire, et tout le pourtour méditerranéen, où on trouve la majorité des espèces. Tout comme les Dactylorhiza et les Orchis, les Ophrys sont divisés en plusieurs groupes comprenant une espèce principale et plusieurs espèces satellites dont les caractéristiques sont ± similaires. Ici aussi, je vous conseille le livre de Pierre Delforge déjà cité plus haut, pour vous y retrouver dans le dédale d’espèces souvent difficiles à différencier. Parmi les Ophrys « principaux », citons : Ophrys scolopax, Ophrys araneola, Ophrys fusca, Ophrys apifera, Ophrys insectifera, Ophrys bertolonii, Ophrys lutea, etc. La plupart des espèces poussent en plein soleil, bien que certaines se contentent de bois clair (Ophrys insectifera par ex.)

La plante présente une rosette de feuilles apparaissant de la fin de l’automne à la fin de l’hiver. On trouve souvent des feuilles noircies par le gel. La hampe florale émerge d’une spathe naissant au cœur de la rosette de feuilles (tout comme les Orchis), les fleurs sont plus ou moins nombreuses en fonction de l’espèce (de 2 à une dizaine). La fleur est étalée, chaque sépale et pétale étant bien distinct. Le labelle, en raison du stratagème d’attraction sexuelle détaillé ci-dessus, se présente sous de multiples formes parfois étonnantes. En ce qui concerne les couleurs, les Ophrys peuvent être classés parmi les orchidées les plus diversement colorées, on y retrouve toutes les couleurs, même quelques traces de bleu, dans des arrangements des plus surprenants.