Dactylorhiza

Les Dactylorhiza forment un grand groupe de plusieurs dizaines d’espèces. Jusqu’il y a une vingtaine d’années, on reconnaissait quelques « grandes » espèces auxquelles on attribuait un certain faisceau de variabilité. Des recherches et études menées au siècle dernier par différents spécialistes (Bournérias, Baumann, Künkele, Soò, Tyteca, Gathoye, Delforge, Kreutz, etc.) ont révisé le genre et considéré ce faisceau de variabilité comme autant d’espèces distinctes, cependant toujours classées dans la mouvance des grandes espèces primitives ! Ils font vraiment tout pour nous faciliter la tâche ces spécialistes !!!

Aujourd’hui donc, le nombre d’espèces a explosé. On trouve des Dactylorhiza de la façade Atlantique au Japon, et certaines espèces (Dact. maculata par ex.) se sont même naturalisées en Amérique du Nord, amenées par les colons ! Alors, pour en revenir à ces grands groupes, tous sont constitués d’une espèce « principale » et d’une nébuleuse d’espèces apparentées d’apparence ± différentes, en voici quelques-uns : Dactylorhiza maculata, Dact. fuchsii, Dact. foliosa, Dact. praetermissa, Dact. incarnata, Dact. majalis, Dact. purpurella, Dact. traunsteineri, etc. Pour plus de renseignements, je vous conseille la lecture de l’excellent livre de Pierre Delforge (Les Orchidées de France, Suisse et Belgique), paru aux éditions « Delachaux & Niestlé« , où il décrit ces différents groupes avec des clés de détermination pour chacun.
DacToutes les espèces de Dactylorhiza présentent le même schéma général : feuilles apparaissant au printemps et formant un entonnoir d’où émerge la hampe florale, feuillée (dans ce cas, ce sont des bractées) ou non (beaucoup plus rarement) et surmontée d’un épi portant de 4/5 fleurs (Dact. lapponica par ex.) à plusieurs dizaines (Dact. incarnata par ex.). Chez plusieurs espèces, les feuilles présentent des taches de différentes formes : ocelles, taches, ronds, … qui, en principe, aident à la détermination. De même, l’emplacement de la plus grande largeur de la feuille participe à la détermination. Les feuilles sont en moyenne au nombre de 3/5 et la position de la plus grande largeur est aussi un caractère déterminatif. La racine est un rhizome digité (d’où le nom de racine « rhiza » en forme de doigt « dactylo« ) qui a une croissance annuelle : chaque année un nouveau rhizome remplace l’ancien qui finit par disparaître complètement. De temps à autre, plusieurs rhizomes sont produits la même année, ce qui amène la formation de touffes, mais c’est un phénomène assez rare. Les fleurs sont caractéristiques : les sépales et pétales sont généralement regroupés et forment un genre de casque (mais c’est assez courant chez les orchidées européennes, preuve d’une phylogénie commune), le labelle quant à lui est généralement très nettement trilobé (qui présente trois lobes distincts). Ce labelle est toujours garni de stries, dessins, points, etc. et la forme, le nombre et la position de ceux-ci sont également un caractère déterminatif. La couleur dominante des Dactylorhiza est le rose rouge, avec beaucoup de pourpre aussi, du blanc et, exceptionnellement du jaune, chez Dact. sambucina. Bref, vous l’aurez compris, pour s’y retrouver dans les Dactylorhiza, il vaut mieux être attentif à beaucoup de paramètres.

Ce sont des plantes souvent liées aux milieux humides ou en tout cas assez frais, elles sont d’ailleurs plus rares dans le sud de l’Europe. On les rencontre des dunes littorales (Dact. praetermissa) jusqu’aux sommets alpins (Dact. majalis subsp. alpestris, Dact. lapponica, …) en passant par les prairies humides (Dact. incarnata, Dact. majalis), les tapis de sphaigne (la rarissime et quasi endémique en Belgique Dact. sphagnicola) et les environnements boisés (Dact. maculata, Dact. fuchsii). Bref, elles ont colonisé beaucoup de biotopes. Parmi les plus fréquents, on peut citer Dact. maculata, Dact. fuchsii, Dact. majalis et quelques autres.