Club des Amateurs Wallons d’Orchidées

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Croissance & Culture

Les orchidées présentent deux types de croissance bien distincts. On en trouve des sympodiales et des monopodiales.

Les orchidées sympodiales ont un mode de croissance somme toute banal : chaque nouvelle pousse apparaît à la base ou sur le côté ou à une certaine hauteur du pseudobulbe, de la tige, etc. Bref, comme toute autre plante. En apparence, on dirait que ces plantes rampent sur leur support (sol, branche, rocher). Ces plantes finissent par former, au fil des ans, une grosse touffe. Cela présente un avantage certain lorsqu’on veut diviser sa plante, on en a vite 2, 3, 4 exemplaires (ou plus !) en fonction de sa force. Parmi les plus connues, on peut citer : Cymbidium, Cattleya, Dendrobium, Oncidium, Coelogyne, Epidendrum, Lycaste, Calanthe, Orchis, Paphiopedilum, etc.
Les orchidées monopodiales croissent toute leur vie sur la même tige qui s’allonge indéfiniment. Il n’y a pas d’apparition de nouvelle tige, les feuilles naissent au sommet de la tige et viennent se superposer sur les précédentes. En apparence, on dirait que ces plantes grimpent vers la cime des arbres qui les abritent. Ces plantes forment beaucoup plus rarement des touffes et leur méthode de division est plus compliquée… hormis celles qui produisent régulièrement des racines sur leur tige. Parmi les plus connues, citons : Phalaenopsis, Angraecum, Aerides, Renanthera, Vanda, Ascocentrum, etc.
 Il faut également signaler un phénomène parfois étonnant intervenant indifféremment chez l’un ou l’autre mode de croissance, les keikis. Ce mot, qui serait d’origine hawaïenne, signifie bébé. Il s’agit en fait de jeunes plantes apparaissant à divers endroits sur une plante « mère ». La cause de la production de ces rejetons fait encore l’objet de nombreux débats dans la communauté scientifique. Il semblerait en tout cas que certaines espèces en produisent de manière systématique, tandis que d’autres (dont l’environnement n’est visiblement plus optimal) les produisent afin d’assurer leur descendance. Les avis sur le sujet sont très partagés. Parmi les espèces habituées qui semblent en produire de façon physiologique, citons : Phalaenopsis equestris, Dendrobium kingianum, Pleione sp., Hammarbya paludosa, Epidendrum radicans, etc. Par contre, d’autres espèces produisent des keikis en cas de nécessité vitale soit parce que les conditions de vie ne sont plus bonnes ou parce que les conditions culturales ne sont pas adaptées, soit parce que la plante n’arrive pas à fleurir, … Ainsi, de nombreuses espèces de Dendrobium produisent des keikis quand le mécanisme de la floraison est perturbé par un élément extérieur (température, humidité, … ) inadéquat. Enfin, il arrive que certaines espèces non coutumières du fait produisent à l’occasion des keikis : citons certains Phalaenopsis, Aerides, Vanda, … Ces keikis présentent en outre l’avantage d’être bien pratiques pour multiplier la plante concernée : il suffit de prélever ces « bébés » dès qu’ils ont des racines suffisamment longues et de le rempoter à part.
 Enfin, quelques rares espèces d’orchidées s’apparentent aux lianes par leur mode de croissance, la plus connue est également l’espèce la plus cultivée au monde, c’est la Vanille !

Leurs cultures

A l’instar de toutes les autres plantes, les orchidées réclament des conditions spécifiques pour croître, fleurir et se multiplier. Comme toutes les autres plantes itou, elles ont besoin de lumière, d’air, d’eau, de nourriture et de températures adaptées, rien de plus que nous finalement ! Eh oui, ce sont des êtres vivants, il faut toujours le garder à l’esprit. Ainsi donc, il faut considérer tous ces paramètres pour appréhender la culture à leur appliquer.

Inutile de vous faire un dessin, une plante sans lumière, ça devient une endive ou un céleri blanc ! Ce n’est pas ce que les orchidées apprécient spécialement. Provenant, pour la grande majorité, des régions tropicales à subtropicales, ces plantes sont habituées à un niveau de lumière souvent fort élevé, d’ailleurs fort peu courant dans nos régions. Mais n’oubliez pas qu’on trouve des orchidées à tous les étages de végétation : du sous-bois à peine éclairé jusqu’à la canopée, presque en plein soleil, quand ce n’est pas carrément sur des rochers exposés au soleil de midi, où la seule source d’humidité est procuré par un petit coin d’humus dans lequel les racines plongent pour y chercher un peu de fraîcheur. La lumière est donc un facteur primordial. Nous en reparlerons.

Que ferions-nous sans air ? Nous étoufferions ! Rien d’autre ne prévaut pour les orchidées. Les orchidées (et les autres plantes) ont un besoin vital d’air, et il est absorbé par les stomates situés sur la face inférieure des feuilles (le plus souvent), mais aussi sur les racines : rappelez-vous, la plupart des orchidées vivent accrochées aux troncs et branches d’arbres où leurs racines ont tout loisir de pendre librement dans l’air, et elles ne se privent pas de pomper l’oxygène nécessaire à leur métabolisme. De plus, l’ambiance humide dans laquelle elles baignent généralement, serait source de maladie et d’infection si l’air n’était pas perpétuellement en mouvement. Ces conditions doivent être reproduites autant que possible dans votre local de culture (qu’il soit serre, véranda, living, cuisine ou appartement). Ce mouvement d’air est une garantie de santé pour vos orchidées, en tout cas, il limite grandement le risque d’apparition de maladies ou d’infections. C’est un facteur important également.

Les orchidées ne sont pas des cactus. L’eau est source de vie, et les orchidées ne dérogent pas à cette règle. Sans eau, pas de vie, ni d’orchidée. Mais la présence de l’eau dépend de différents facteurs : saison, altitude, substrat, localité, … Ainsi, on trouve des orchidées dans des régions d’altitude où la pluie tombe quasi quotidiennement, et d’autres dans des régions où une saison sèche et/ou froide (parfois très longue) succède à une période très arrosée. Et tous les intermédiaires, pour vous faciliter la tâche. Les quantités et les cycles d’arrosage jouent donc un rôle essentiel dans la vie d’une orchidée. Et même si on ne peut reproduire au litre près la pluviométrie d’origine, s’en inspirer augmente d’autant le bien-être de vos plantes. L’eau est bien sûr vitale pour toutes vos plantes.

Vous mangez ? Les orchidées aussi ! Ne nous leurrons pas, ce n’est pas parce qu’on pensait, au début du XXe siècle, que des orchidées carnivores existaient qu’elles existent réellement. Non. Comme toutes les autres plantes, les orchidées ont besoin de nourriture pour pouvoir construire de nouveaux tissus, de nouveaux organes, et finaliser leur floraison. Dans la nature, les orchidées trouvent leur nourriture dans le sol (pour les terrestres), ou bien de ce qui leur tombe sur la tête (pour les épiphytes) : fientes, déchets organiques, feuilles mortes, … qui, la chaleur ambiante aidant, se transforment rapidement en compost d’où les racines retirent des éléments nutritifs. Dans la nature (du moins sans l’Homme), rien ne se perd !

Comme il est dit plus haut, la majorité de nos orchidées cultivées sont originaires des régions tropicales et subtropicales. Cela dit, même dans ces pays, de nombreux biotopes sont présents, parfois sur peu de distance, qui conditionnent des microclimats quelquefois forts différents l’un de l’autre. Non seulement la latitude, mais aussi l’altitude, jouent un rôle primordial. De même, une plante de lisière aura des besoins en chaleur plus élevés qu’une plante de sous-bois, où le couvert forestier fait tampon (les températures varient moins au coeur d’une forêt qu’en lisière, où l’apparition du plein soleil fait brusquement monter le mercure). Dès lors, la connaissance du milieu de vie et de l’origine des orchidées sont, on ne le répétera jamais assez, essentiels. Prenez le seul exemple des Dendrobium. Certains vivent au niveau de la mer sous l’équateur. D’autres vivent aussi sous l’équateur, mais à plus de 3500 mètres d’altitude. A votre avis, ont-ils les mêmes besoins en température ? Non, bien sûr. Donc, ne vous basez jamais sur le seul nom pour choisir telle ou telle orchidée chez vous, mais renseignez-vous plutôt sur son origine et son habitat. Ceci est naturellement valable pour les espèces botaniques (= telles qu’on les trouve dans la nature). Pour les hybrides, c’est assez différent. Dans la mesure où ceux-ci sont issus de croisements entre des espèces ayant des exigences souvent différentes, voire opposées, le résultat est une plante ayant des exigences moindres, ou en tout cas ayant élargi son seuil de tolérance et pouvant s’adapter à des conditions diverses. Tout avantage pour les amateurs que nous sommes. Dès lors, il est également très important de savoir si on a affaire à une espèce botanique ou un hybride et, tant qu’à faire, quels en étaient les parents (dans ce dernier cas) !

Bref, en ce qui concerne les températures comme pour tout ce qui précède, plus on sera documenté, mieux pourra-t-on apporter des conditions correctes à ses plantes. Et elles vous en remercieront avec des floraisons à faire pâlir d’envie toutes vos connaissances…

Paramètres de culture

Nous l’avons vu dans les bases de culture, pour cultiver des orchidées, il faut tenir compte de différents paramètres vitaux : eau, aération, lumière, température, nourriture et habitat. Chacun de ces paramètres peut être pris isolément mais, seul, il n’est pas suffisant pour permettre à une orchidée (et n’importe quelle plante d’ailleurs) de pousser ! Dès lors, c’est dans leur globalité qu’il faut considérer ces élements, ils interagissent tous entre eux. C’est bon à savoir…

Nous allons maintenant analyser l’impact que chacun de ces élements ont sur nos plantes.

L‘eau est essentielle à toute vie, c’est elle qui est à la base de tout sur notre Terre. Les orchidées n’échappent à cette règle, d’autant que la majorité de celles que l’on cultive proviennent de régions où la quantité annuelle des précipitations est souvent largement supérieure à celles que nous connaissons sous nos latitudes… Ce sont essentiellement les racines qui absorbent l’eau, les feuilles, quant à elles, par leur respiration, absorbent de la vapeur d’eau. Ces mêmes feuilles en évacuent lors de la transpiration, tout comme nous ! Elle est nécessaire à la rigidité des plantes : en remplissant les cellules constitutives des plantes. Une plante en manque d’eau est molle, perd sa forme, se recroqueville et quelquefois change même de couleur. Le minimum vital d’eau est propre à chaque plante, mais la perte, même de quelques pourcents seulement, peut lui être fatale !!! Les orchidées ont développé quantité de stratégies pour pallier le manque d’eau inhérent au biotope, à la saison, à l’environnement, etc. Pour beaucoup, il s’agit des pseudobulbes qui sont de véritables silos à eau et à éléments nutritfs. Pour d’autres, il s’agit des feuilles, épaisses et coriaces, comme celles des Cattleya ou des Phalaenopsis. Les racines de quelques genres ou espèces (les Barkeria par exemple) participent de la même adaptation. Ces organes de réserve jouent un rôle essentiel dans la vie des plantes. Si un Cattleya ou un Phalaenopsis perd ses feuilles, par exemple, sa survie même est menacée. L’hydratation d’une plante doit donc être bien surveillée.

L‘aération permet la respiration, favorise la transpiration, la dispersion des polluants… ou des graines, l’assèchement des plantes après une nuit humide ou une forte averse, diminue le risque d’installation de certaines maladies, empêche le confinement, augmente le déssèchement, … On le voit, l’aération a une influence sur de nombreux aspects de la culture de ces plantes. En tout état de cause, il faut éviter le confinement, il est la porte ouverte à tous les problèmes (apparition de maladies, augmentation trop importante de l’humidité, …). A contrario, il vaut mieux éviter les courants d’air, surtout en hiver, le choc thermique qui en résulte risque d’abimer les plantes, et surtout les fleurs et les boutons floraux, particulièrement sensibles aux différences de température. En été, par une chaude journée, l’aération permet de rafraîchir les plantes qui, sinon, risquent de tomber en léthargie… Car les orchidées ont, chacune, un niveau de tolérance à la température : trop chaud ou trop froid, leur métabolisme se met quasi à l’arrêt. Si cette situation perdure, des lésions, quelquefois irréversibles, peuvent apparaître. Dans la nature, il pleut souvent la nuit, le vent permet aux plantes de sécher et l’évaporation de cette eau abaisse localement la température, ce qui est fort utile sous ces latitudes… Chez vous, quand vous arrosez, il arrive toujours que de l’eau tombe sur une partie de plante. Si elle ne s’évapore pas rapidement, les spores des champignons (toujours présents dans l’atmosphère) ne tarderont pas à s’installer dans cette eau, puis pénétrer dans la plante, avant de se développer et affaiblir la plante… ouvrant ainsi la porte aux autres ravageurs que sont les bactéries ou d’autres champignons plus agressifs. Il est donc important que l’eau disparaisse rapidement de la surface de vos plantes. D’un autre côté, l’aération, en favorisant l’évaporation, augmente également le déssèchement des végétaux… Il faut en tenir compte lors de l’utilisation d’un ventilateur et pour l’installation de celui-ci : en effet, il ne faut pas le placer trop près des plantes ni le faire fonctionner trop fort pour éviter la casse des hampes florales par exemple.

Tous les végétaux ont besoin de lumière, elle leur permet de réaliser la photosynthèse, qui est l’utilisation de l’énergie solaire pour transformer l’eau, les minéraux, … en éléments nutritifs assimilables par la plante. Une plante qui reçoit peu de lumière pousse peu, une qui en reçoit trop…. brûle ! Chaque espèce a ses propres besoins en lumière, il peut d’ailleurs y avoir d’énormes différences au sein d’un même genre. La longueur d’onde joue également un rôle : en montagne, à haute altitude, là où la couche d’air est moins importante, la quantité d’ultraviolets est supérieure et conduit le plus souvent à la nanification des plantes (cfr. les plantes alpines dites ‘de rocaille’). La quantité de lumière joue également un rôle dans la coloration des plantes et des fleurs. Un Miltonia qui reçoit trop de lumière va rougir. Si on place une plante à l’ombre et une semblable à une lumière vive, les fleurs de la seconde seront généralement nettement plus colorées que celles de la première. Sous les Tropiques, la quantité journalière et annuelle de lumière reçue varie peu, entre 11 et 14 heures par jour. Chez nous, on est loin du compte. Avec un maximum de 8 heures en décembre et de 16h30 en juin, la quantité de lumière est très variable. C’est notamment à la mauvaise saison que les orchidées manquent cruellement de lumière. La solution est évidemment un apport de lumière artificielle que l’on peut coupler à un programmateur pour apporter un minimum de 12 heures de lumière par jour. L’apparition récente des LEDs permet de diminuer la consommation électrique (et donc le coût d’utilisation) et aussi l’échauffement provoqués par les anciennes lampes à incandescence. De plus, il y a fort à parier que le développement futur de ces lampes LEDs diminuera, d’une part, leur coût (encore assez élevé) et, d’autre part, augmentera leur efficacité.

Les ancêtres des Phalaenopsis vivaient dans les régions tropicales où les températures sont généralaement élevées et peu variables l’année durant. Il faut donc leur éviter les températures trop basses (- de 14°C par ex.) et des variations trop importantes. Mais vous savez que les Phalaenopsis sont loin d’être les seules orchidées cultivées (et c’est tant mieux) et il faut savoir que, même parmi les espèces d’origine tropicale, beaucoup proviennent de régions montagneuses où elles subissent l’influence de saisons bien marquées et où l’altitude joue également un rôle. Ainsi, certains Dendrobium, Pleione, Masdevallia, Pleurothallis, Cattleya même, connaissent une alternance de saisons ‘chaudes’ et de saisons dite ‘froides’. Cette alternance étant même quelquefois vitale pour la santé de la plante. En général d’ailleurs, la saison dite ‘froide’ permet à la plante de se reposer pour préparer la bonne saison suivante.

Protection des Orchidées

Les orchidées font partie des êtres vivants dont la survie est des plus menacées. La modification de leur milieu naturel, les prélèvements sauvages, la pollution, l’emploi d’amendements chimiques, d’herbicides et de pesticides, … sont autant de facteurs dont l’impact est très important sur ces plantes et leur environnement.

La présence d’une orchidée en un lieu donné est le signe de son équilibre : ici cohabitent en harmonie tous ces êtres vivants. La moindre modification intervenant dans ce milieu met en péril de nombreuses espèces, dont les orchidées. Ces dernières sont hyperspécialisées et tributaires de facteurs bien précis pour leur germination, croissance, épanouissement et reproduction.
 

Ainsi, la germination des graines d’orchidées, souvent minuscules, et quelquefois si fines qu’elles sont quasi invisibles à l’œil nu, dépend de la présence d’un champignon spécifique qui va envahir la graine en lui apportant l’eau et les éléments nutritifs nécessaires au développement d’un protocorme. En retour, ce protocorme, puis la jeune plantule qui en dérivera, va apporter au champignon les éléments nutritifs générés par la photosynthèse qu’il est incapable de réaliser lui-même.
 

La croissance et l’épanouissement des orchidées dépendent essentiellement de facteurs climatiques, mais aussi environnementaux. Chaque espèce d’orchidée pousse dans des conditions particulières (mais c’est propre à tous les êtres vivants) : températures, précipitations, … Les modifications climatiques annoncées pour ces prochaines décennies vont avoir un impact certain sur les orchidées : des régions entières vont se retrouver avec un climat différent dans un laps de temps a priori trop court pour laisser le temps aux plantes de s’adapter. Il est clair qu’une saison sèche plus longue ou, à l’inverse, une saison de pluie plus longue, modifieront bien des comportements. De même, les différences thermiques (déjà bien sensibles sous nos latitudes !), que ce soit entre le jour et la nuit ou d’un bout à l’autre de l’année, vont influencer tout autant la répartition de certaines espèces que leur aptitude à croître, fleurir ou germer. A des latitudes plus élevées, des espèces plus « méridionales » apparaîtront; tandis qu’à des altitudes plus élevées (et cela, sous n’importe quelle latitude), l’absence de fraîcheur de plus en plus marquée risque de faire disparaître nombre d’espèces tributaires de ce froid ou de cette fraîcheur.
 

Enfin, la reproduction, somme toute l’enjeu unique d’une floraison – on a souvent tendance à l’oublier, la reproduction donc semble compromise dès qu’on touche, d’une façon ou d’une autre, à ses vecteurs que sont les insectes ou les oiseaux (le pollen des orchidées étant aggloméré en une substance visqueuse et lourde, l’intervention du vent dans la pollinisation des ochidées est nulle !). Dès qu’on utilise un insecticide, on peut mettre en péril un insecte pollinisateur et, par conséquent, la reproduction d’une (ou plusieurs) espèce(s) d’orchidées. En effet, il faut savoir que les orchidées ont, dans leur toute grande majorité, chacune leur pollinisateur attitré et quelquefois même exclusif. Rendez-vous compte, si cet insecte vient à disparaître, l’orchidée n’y survivra pas longtemps. D’autant que, contrairement à d’autres espèces végétales, peu d’orchidées ont développé des méthodes de multiplications « secondaires » : bouturage, marcottage, division… qui auraient pu leur permettre une dispersion plus vaste et moins ciblée !
 

Enfin, le mode de vie de beaucoup d’orchidées les rend particulièrement fragiles aux activités humaines. Que ce soient les orchidées de prairies (anéanties par les pratiques culturales utilisant les engrais chimiques qui favorisent les graminées aux dépens du reste), de marais (victimes de soi-disant « assainissements » nécessaires à la rentabilisation de ces milieux prétendus improductifs), ou épiphytes (qui ont la mauvaise habitude de pousser sur les vieux arbres dont la valeur commerciale élevée attire les spéculateurs), toutes ces pauvres plantes se retrouvent donc sur le chemin du « progrès » et du « profit » ! Et qui s’en préoccupe ? Personne… sinon les amateurs d’orchidées que nous sommes !

C’est la raison pour laquelle toute association d’orchidophiles qui se respecte doit tenir compte de cet aspect important. Trop d’espèces ont déjà disparu à tout jamais de la surface de la Terre, arrêtons le massacre et sauvons ce qui peut encore l’être !
 

Le CAWO s’est donc engagé, par ses statuts, à respecter la Convention de Washington qui réglemente le commerce des espèces en danger, mieux connue sous l’appellation CITES, pour « Convention on International Trade of Endangered Species« . Cette convention spécifie les espèces concernées par son application et prescrit les moyens à mettre en vigueur pour le respect de son application. Les pays ayant ratifié cette convention (dont la Belgique) sont censés la respecter et la faire appliquer sur leur territoire. La Communauté européenne a également édicté des directives allant dans le même sens, mais assorties de particularismes locaux.
Pour accéder au site :

Cette convention a pourtant des effets pervers. En effet, certaines espèces classées en Annexe I, c’est-à-dire dont la vente, voire la possession même, sont strictement interdites, continuent pourtant de circuler. La liste complète peut être obtenue sur le site de l’IUCN (International Union for Conservation of Nature.
Un exemple récent est le mini-scandale qui a éclaté lors de la dernière édition de l’EOC, à Londres, en 2003 : des exposants américains se sont vus autoriser la vente de plantes de Paphiopedilum vietnamense (pourtant classé en Annexe I, comme tous les Paphiopedilums) et certains de ses hybrides, mais il leur a été refusé de les réexporter vers les Etats-Unis ! D’autre part, en partant du principe que ce qui est rare est cher, cette convention, au lieu de favoriser la protection et la préservation des orchidées, encourage la contrebande et les arrachages massifs, en raison des profits énormes générés par les orchidées. Autre exemple, il est déjà arrivé que certains espèces soient découvertes, mais que cette trouvaille soit gardée secrète le temps, pour certains producteurs, de les multiplier en cachette avant les revendre à prix d’or dès que leur découverte a été publiée et leur commerce autorisé ! Enfin, l’histoire rocambolesque du Phragmipedium kovachii constitue également un exemple frappant récent !
Pour accéder au site :

Que faire à notre petit niveau pour limiter au maximum les effets de ces trafics ? La première chose est de se limiter aux plantes qui proviennent de culture. On trouve malheureusement encore trop souvent des plantes arrachées à leur nature ou « tombées de l’arbre » chez des revendeurs, voire même chez des producteurs connus peu scrupuleux. Ce sont des pratiques et des gens qu’il faut éviter. Normalement, il est assez facile de les distinguer. Les plantes cultivées présentent généralement une croissance régulière et harmonieuse, des feuilles en bon état (sans trou, tache, coup de soleil, …) et des racines poussant en cercle (dans le cas d’espèces cultivées en pot). La question ne se pose d’habitude pas pour les hybrides, résultat de manipulations humaines en vue d’obtenir des plantes plus faciles à cultiver que les parents, tout en ne conservant que les avantages de l’un et de l’autre ! Les plantes provenant de la nature ont souvent un tout autre aspect : les conditions climatiques n’étant pas toujours régulières, même sous les Tropiques, la croissance est tout aussi irrégulière; les feuilles sont souvent attaquées par l’une ou l’autre bestiole ou présentent des coups de soleil…

Mais on aurait grand tort de limiter cette protection aux orchidées exotiques. En Europe, poussent plusieurs centaines d’espèces d’orchidées (le dernier recensement signale plus de 400 espèces !). Et on peut affirmer sans crainte (!?!) que près de 90% sont menacées de disparition à ± court terme… si on n’intervient pas rapidement. Des mesures ont déjà été prises pour préserver de vastes territoires, mais cela reste encore insuffisant. Au rythme de 5 à 10 espèces qui disparaissent par an, faites le compte des années restant avant l’extinction totale des orchidées européennes !

Le CAWO s’est donc adressé aux RNOB (Réserves naturelles et ornithologiques de Belgique) pour établir un plan d’action commun en vue de la sauvegarde des orchidées en Belgique. Oh, bien sûr, nos moyens sont limités, mais si chacun s’y mettait, elles auraient d’autant plus de chance de survivre. Nous travaillons donc en partenariat depuis 2002 avec les RNOB, pour la gestion de la réserve de On. Cette réserve abrite une quinzaine d’orchidées, dont la station la plus septentrionale de l’Himantoglossum hircinum, l’orchis bouc. Un Epipactis inhabituel s’y trouve également et fait actuellement l’objet d’études particulières. Divers aménagements, destinés à favoriser l’expansion des orchidées, ont déjà été réalisés. Les premiers résultats sont donc attendus avec impatience. Ils seront naturellement publiés dans ces pages.
Pour accéder au site :

Une station d’Orchis purpurea, devenu très rare en Belgique, située près de Henri-Chapelle, leur a également été signalée en 2003. Il semblerait que la procédure de classement soit en cours.

Bref, ce ne sont ni les réjouissements ni les craintes qui manquent. Il reste du travail et un de nos buts est justement d’inculquer les enjeux et les conséquences de la protection des orchidées à nos membres, car, si on ne fait rien, quelle Terre laisserons-nous à nos enfants ???