Orchis

Les Orchis (qui ont donné leur nom à la famille) sont des orchidées un peu différentes des précédentes. En effet, les feuilles apparaissent souvent dès la fin de l’automne ou durant l’hiver, si bien qu’elles sont souvent abîmées par le gel au printemps, quand émerge la hampe florale du centre de la rosette.

Contrairement aux Dactylorhiza, dont les feuilles sont alternes sur la tige, celles des Orchis forment une rosette plaquée au sol. La hampe florale apparaît dans une spathe (en fait, une bractée) de couleur pâle puis, après complet développement, les fleurs, ± nombreuses, s’épanouissent. Contrairement aux Dactylorhiza (autrefois rattachés aux Orchis), la fleur possède le plus souvent un éperon, prolongement du labelle, souvent trilobé aussi, de même, les sépales et pétales forment généralement un casque. Les feuilles présentent moins souvent des taches et même Orchis mascula (l’orchis tacheté) n’est pas toujours… tacheté !

Ici aussi, on peut regrouper les Orchis en plusieurs groupes assez distincts, comprenant une espèce « type » et d’autres ± différenciées mais proches. On peut en citer plusieurs, comme : Orchis mascula, Orchis morio, Orchis militaris, Orchis spitzelii, Orchis fragrans, Orchis palustris (qui « serait » intermédiaire entre les Orchis et les Dactylorhiza, mais les auteurs ne sont pas d’accord entre eux) et bien d’autres. Je renvoie de nouveau le lecteur au même livre de Pierre Delforge, cité plus haut. La couleur dominante est ici aussi le rose pourpre, mais il existe davantage de variations que chez Dactylorhiza, plusieurs espèces (notamment dans le groupe Orchis morio) présentent des tons vert-brun, du blanc, du violet, …

Le nom « orchis » lui-même signifie « testicule », en grec, car les pseudobulbes ovoïdes vont toujours par paire : celui de l’année précédente et celui de l’année en cours ! Ce qui a contribué à leur attribuer des appellations quelquefois farfelues par le passé : couillon de chien, satyre, … Nos anciens y voyaient la trace d’une quelconque semence luciférienne !!! C’est dire si ces plantes n’ont pas toujours eu très bonne réputation. Aujourd’hui, nous savons que tout cela n’a ni queue ni tête et que ces pseudobulbes sont là pour assurer la pérennité de la plante. Ici aussi, mais tout aussi rarement, plusieurs pseudobulbes peuvent être produits la même année et contribuer ainsi à la formation de petites touffes.

Les Orchis croissent généralement dans des endroits plus secs que les Dactylorhiza (sauf Orchis palustris et l’une ou l’autre espèce), plus souvent dans les lieux ouverts aussi : prairies, talus, bord des chemins ou des routes, flancs de montagnes, … Ce genre renferme plusieurs dizaines d’espèces également, réparties surtout autour de la Méditerranée, mais plusieurs espèces s’aventurent presque jusqu’au Cercle polaire, peu d’entre elles croissent à haute altitude et il n’est guère que l’Orchis spitzelii pour s’aventurer au-dessus de 2000 m.

Un nouveau débat est né d’une publication récente (Generae Orchidacearum vol 1) émanant de scientifiques aussi illustres que Pridgeon, Cribb, Rasmussen, …, et qui avance l’hypothèse selon laquelle il faudrait réunir plusieurs genres satellites à celui des Orchis, tels que Aceras, Anacamptis, Barlia, … Chose qui fait hurler aux loups certains de leurs confrères, pas d’accord du tout avec cette théorie. Ainsi, Aceras anthropophorum deviendrait Orchis anthropophora, et ainsi de suite ! En tout état de cause, et en attendant de nouvelles informations sur le sujet, je m’en tiendrai à la classification qui prévalait avant la parution de ces publications.

Enfin, malgré une parenté évidente, il semblerait que le croisement Orchis par Dactylorhiza, ou vice versa, soit impossible !